Il m’avait rejoint sans prévenir, il y a des jours déjà. Se présentant devant moi avec d’autres hommes que j’avais déjà vu à maintes reprises. Il m’avait ordonné de laisser de côté ce que j’étais en train de faire, clamant alors qu’il avait besoin de moi. Qu’ils avaient besoin de moi. Inutile d’être diplômé de Bloxham pour comprendre les sous-entendus de ces injonctions. L’appel de la violence fut plus fort que mes maigres recherches. Je n’avais pas le choix de toute manière. Rejoindre les rangs des Deatheaters signifiait qu’il fallait s’attendre à tout, à tout instant. Je n’avais écoute que d’une oreille les informations et autres explications concernant la prétendue mission. Capturant seulement quelques mots, brides de phrases. La chasse aux Moldus, comme ils l’appelaient tous. Le nom m’avait sourire la première fois, la représentation ridicule d’une partie de chasse venant se glisser dans les brumes de mes pensées pour me faire oublier pendant quelques minces secondes la gravité de la chose. Ils m’avaient toujours été indifférents. Créatures éparpillées au gré du vent pour une raison. Vivant dans leur petit monde sans déranger le nôtre. J’aurai pu continuer à ne pas m’intéresser à eux. Cela aurait été si facile. Et pourtant, je me retrouvais à présent aux côtés de ceux qu’il fallait empêcher de nuire. Ceux considérer comme des menaces bien plus importantes que de vulgaires Moldus. C’était à croire que le monde de la magie avait perdu de sa superbe. Affligeant, vraiment.

Dans cette affaire, je m’étais retrouvé aux côtés de Walter. L’un des rares sang-mêlé ayant réussi à trouver grâce à mes yeux et qui aurait presque pu jouer le rôle de mon ombre tant nous étions devenus proches. Anciens Serpentard parvenus à se suivre même à Bloxham, son engouement pour les tâches que nous devions accomplir avait réussi à le faire grimper encore un peu plus dans mon estime. Fouineur de premier choix, sa haine envers les Moldus égalait la mienne. Ce ne fut pas durant cette mission que je pus étancher cette soif de sang grisant mes sens. Le sort des familles ayant eu le malheur d’avoir pour descendance un sorcier avait été laissé entre les mains des plus anciens. Nous n’étions que des pions, des subalternes ayant pour unique tâche de monter la garde. D’achever ceux qui s’approchaient peut être un peu trop de la maison en question. Des fenêtres de l’étage supérieur fusaient des éclats verts. Malgré moi j’en esquissais un sourire, resserrant ma prise autour de ma baguette.

« Arrête-le avant qu’il ne s’échappe !
- Avada Kedavra »
La réaction avait été immédiate. L’incantation franchissant le seuil de mes lèvres sans que je ne réfléchisse plus avant. L’ombre qui se dessina sur le mur de la demeure d’à côté s’effondra, happée par une lueur verte aveuglante à vous en arracher des frissons d’admiration. Un hochement de tête fut suffisant pour nous voir disparaître. Ombres silencieuses et malfaisantes délaissant le lieu de leurs méfaits pour trouver un refuge plus calme. Je ne les avais pas suivis, je ne l’avais pas suivi. Préférant regagner ma demeure plutôt que de devoir entendre l’habituel discours du paternel fier de son fils et de ses actes. Le silence régnant dans la demeure me laissa penser qu’elle n’était pas présente. Absence prolongée poussant la maîtresse de ces lieux à les délaisser. Le calme apparent cédait pourtant sa place à une légère rumeur, les ténèbres se trouvant brisées par une faible clarté filtrant de sous la porte donnant dans son bureau. J’en esquissais un infime sourire, usant de la magie pour forcer la porte à s’ouvrir dans un silence impérieux. Alchimiste acharnée perdue au beau milieu de ses grimoires, un air perplexe tirant ses traits délicats. Concentration à toute épreuve qui m’amusait à chaque fois qu’elle venait se glisser sur son visage, tant elle ressemblait à la mienne. Parcourant la pièce du regard mon exploration s’acheva lorsque mon attention se posa sur un grimoire menaçant de dégringoler la pile instable sur laquelle il avait été posé.

« - "Grandeur et décadence de la magie noire" ? Tu as des lectures bien fascinantes » lâchai-je avec ironie, avant de d’abandonner l’encadrement de la porte pour me poster derrière elle. Mes bras se glissèrent autour de sa taille, la forçant à venir s’échouer contre moi tandis que ma main gauche venait débarrasser la sienne de sa baguette, la posant sur la table jonchée d’ouvrages en tout genre, mes doigts emprisonnant alors les siens. Réflexe prudents visant à éviter les accidents, ils sont si vites arrivés qui plus est.

« - La perplexité et l’irritation te vont à ravir tu sais. » Ce ne furent que de simples murmures déposés contre sa peau pour venir se glisser jusqu’à son oreille tandis que mes lèvres venaient brûler sa gorge. La parsemant de baisers aériens, phénix aux ailes de feu déjà victime de l’incendie ravageant mes reins. L’absence la rendait toujours plus singulière à mes yeux. Séparation forcée ou non qui arrivait à faire s’embraser les cendres d’une dangereuse dévotion à chacun de mes retours.