| Sujet: studious morning for brave kitty. (BLAKE) Mar 23 Aoû 2011 - 0:29 | |
| Tout au long de votre vie et de vos rencontres, des gens vous vanteront l'importance des études dans un parcours humain. Des études pour forger l'esprit et le caractère, pour façonner une personnalité, des études pour avoir un diplôme et accéder à niveau de reconnaissance supérieur à celui que vous pourriez obtenir sans études. Vous pourrez les croire, et vous lancer corps et âme dans une étude poussée et particulière d'un secteur bien choisi. Vous pourrez aussi vous rendre compte lors d'une méditation personnelle et baveuse sur la terrasse d'un café populaire que la vie, et ceux qui la composent, peuvent nous en apprendre tout autant, si ce n'est plus qu'une lecture guidée par un professeur exigeant. Évidemment, pas un seul parent responsable n'aurait laissé son enfant apprendre la vie auprès de Marat Maugham, c'est un fait. Disons simplement que Marat Maugham voit la vie comme un grand jeu à plusieurs; et je me permets d'insister sur le vocabulaire: ici, « jeu » n'a rien de la définition bien connue de « ce qui procure un plaisir oisif ». Aucun parieur habitué des casinos, champs de courses, ne vous dira qu'il « s'amuse » lorsqu'il joue. Non, il met son argent en jeu, le risque, et parfois le perd. Dans l'enjeu du jeu, il y a toujours l'angoisse d'un grand malheur, car l'argent, c'est la vie. Aucun parieur digne de ce nom ne vous dira qu'il s'amuse à parier, même si, au fond de lui, il y prend un plaisir bien certain. Exactement comme l'homme de la vie, en fait, qui vous dira que la vie n'a rien de drôle, n'a rien d'un jeu. Mais au final, vivre a quelque chose d'aussi excitant que de poser son ticket sur la table du jeu, et de croiser le regard neutre, impassible du bookmaker qui prend votre mise. Si Marat Maugham mourrait tué par la main d'un des êtres qu'il traque la plupart de son temps, et qu'on allait l'interroger en enfer – si l'on s'en tient à la conception puérile chrétienne, c'est bien là qu'irait Marat – il nous dirait sûrement: « Il a mieux joué, j'ai perdu, c'est la vie. » C'est la vie, c'est le jeu, vous voyez bien que les termes se rapportent à peu près à la même chose: quoi qu'on en dise, le jeu est très important dans la vie, et la vie n'est rien sans le jeu.
Si la conscience de Marat faisait bien souvent fi du danger, et la violence égalait pour lui une injure bien tournée, ils étaient quelques rares êtres sur ce monde à profiter d'une totale immunité. La petite brune qui se tenait debout devant lui, baguette en main, en faisait partie. La brume matinale masquait encore le paysage dans son ensemble, et on n'y voyait pas plus loin qu'un niffleur. Sans un bruit, dans le silence de la fin de la nuit, l'homme apparut entre deux arbres, bras en croix contre son torse. Son regard perçant se posa sur Blake Walterson qui l'observait. - Transplaner bras serrés le long du corps alourdit le transfert, parce qu'il est impossible de ne pas laisser passer l'air entre ses bras et son corps. Une fois les bras en croix, t'as plus de “bras” pour gêner ton transfert. Il transplana à nouveau en guise de conclusion, pour réapparaitre à l'autre bout du terrain, toujours dans un silence total. Sa façon de se déplacer avait quelque chose de fantastique, d'animal. Il était d'une rapidité terrifiante, d'une souplesse non mesurable, d'un silence de mort. Marat marcha vers Blake. C'était la première fois qu'il l'entrainait « vraiment », qu'il cessait de lui donner des conseils oraux pour privilégier les travaux pratiques. Blake avait insisté, elle avait même juré de se lever à l'aube, s'il le fallait. Et elle l'avait fait. Retenant son sourire, comme d'habitude, les pensées de Marat, elles, étaient bien moins discrètes. Blake Walterson, la gamine qui mesurait trois pommes, petit visage, grands yeux bleus et lèvres rouges, elle était faite pour vivre dans une chaumière au milieu de sept nains débiles, Marat le lui avait déjà dit, mais elle n'avait rien voulu savoir. Elle s'était révélée particulièrement plus maline et assidue, vive et professionnelle, que la majorité des femmes – beaucoup plus âgées – avec qui Marat avait l'habitude de travailler au sein de l'Organisation. Une petite surdouée qui n'avait pourtant rien d'un génie, avec ses traits sauvages qui lui rappelaient toujours, maintenant qu'il l'avait vu, le loup en lequel elle se transformait lorsqu'elle changeait d'apparence. La première à n'être pas muette et rougissante face à Marat Maugham, et qui avait, par conséquent, mérité qu'il s'intéresse à elle. Le cours sur le transplanage avait duré un certain temps. En effet, la majorité des sorciers, et même les professionnels, transplanaient encore et toujours raides comme des batons, les bras collés le long du corps. Erreur grossière si l'on voulait optimiser sa rapidité de transfert, à moins de réussir à véritablement coller ses bras contre son corps, chose encore à ce jour impossible. Les bras en croix augmentaient le style effrayant, il fallait l'avouer, mais on remarquait très vite qu'avec plus de concentration, on était bien plus rapide, et, par là, on évitait bien plus de sortilèges inamicaux. Il s'arrêta à quelques mètres d'elle. Elle savait qu'elle allait devoir lui montrer qu'elle avait compris, et elle se tenait droite, sa baguette dans la main. Le but n'était pas de se défendre, le but était d'éviter. Il leva sa baguette sans que les secondes puissent décompter son geste dans le temps et lança - Crucio.
Je vous laisse imaginer la puissance du doloris: une broutille qui n'aurait pas fait plus de mal qu'une grosse crampe à l'estomac le temps de prononcer « bubobulb », mais comme avec Marat, on n'était sûr de rien, mieux valait fuir rapidement une fois le doloris lancé. Ses yeux fixés sur Blake n'attendaient qu'une chose: qu'elle transplane avec une rapidité égale à la sienne, et que son sortilège atterrisse dans le vide plat et inutile. Ensuite seulement, il lui paierait une glace. (...) |
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