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 chaos. (lorcàn)

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MessageSujet: chaos. (lorcàn)   chaos. (lorcàn) Icon_minitimeSam 17 Sep 2011 - 19:33

Attablé, comme presque chaque jour, à son bureau, Lawrence observait le petit animal qui multipliait les cabrioles devant lui. Parfois, le furet revenait vers son maître pour lui donner un petit coup de museau sur la main ou l'avant-bras, tenant à garder l'attention du professeur, qu'il avait de toute façon déjà entièrement. Il était rare de voir sourire ainsi Lawrence, mais son animal, pour qui la vie était si simple et rythmée par sa nourriture et son sommeil, avait le don de l'apaiser. Lorsqu'il tendait le doigt, celui-ci l'attrapait pour le mordiller d'une façon qu'il espérait affectueuse, et il se sentait mille fois plus à l'aise avec ce petit être et ses démonstrations toutes particulières qu'avec les hommes en général, qui semblaient tous attendre bien trop de lui. Un soupir coupa court aux jeux, et le furet couru se réfugier sur les genoux de son maître qui, machinalement, passa deux doigts sur sa fourrure. A présent que l'animal ne s'agitait plus sur son bureau, il pouvait à loisir observer les notes qu'il couchait sur le papier depuis le début de la matinée. Il était à présent près de sept heures du soir, et toutes les informations rassemblées, toutes les idées conçues à partir de ces dernières lui semblaient à présent sans saveurs, sans fondements. C'était chaque jour le même scénario : les matins s'avéraient plein d'espoir, quand la nuit le chassait sans égards. Tous ces mots inscrits là, ce n'était pas eux qui, un jour, lui permettrait de retrouver forme humaine. Un nouveau soupir lui échappa alors qu'il s'adossait un peu plus à sa chaise, le regard rivé au plafond. Qu'espérait-il vraiment, au fond ? Depuis des siècles, sorciers et sorcières cherchaient, en vain, un remède à cette « maladie » et lui, pauvre petit chercheur sans grande ambition, trouverait du jour au lendemain la solution ? Un rire amer lui échappa. Ce pessimisme lui ressemblait tant, lui ressemblait trop. Il faudrait bien un jour qu'il se fasse à l'idée qu'il ne changerait pas, qu'il devait accepter l'animal en lui qui lui avait fait tout perdre, jusqu'à la vie dont il avait rêvé. D'un geste brusque, il envoya valser plumes et papiers sur le sol, et le bruit fit frémir le furet, qui quitta ses genoux. Il fallait qu'il sorte, qu'il oublie pour quelques heures ses recherches et tout ce qui le hantait. Lawrence se leva, attrapa sa veste informe et claqua la porte de son bureau derrière lui, marchant d'un pas vif vers la nuit.

L'obscurité l'accueillie à bras ouverts, et il s'y jeta sans rechigner. Une bise fraîche soulevait les pans de son manteau. Il frissonna, mais le froid était toujours le bienvenu. Le loup lui donnait terriblement chaud, et son petit bureau, non loin des combles, n'arrangeait rien à son malaise. Lui qui aimait l'hiver et ses neiges, le reste du temps lui était un véritable calvaire. Il lui tardait de retrouver cette buée blanchâtre et familière se former devant ses lèvres au moindre de ses soupirs. Lawrence laissa ses pas le guider là où bon lui semblait, et il se perdit dans les allées du campus de l'université. Il avait beau en connaître tous les recoins, il ne se lassait pas de ces promenades nocturnes, qui lui donnait une impression de routine et de normalité, deux sensations qu'il ne manquait pas d'envier aux gens du commun. Que n'aurait-il pas donné pour n'être né que simple moldu, accompagner sa sœur à l'école et ne jamais avoir à tenir une baguette de sa vie. Sans doute ses relations avec sa mère ne s'en serait qu'améliorer, et il aurait connu autre chose que la rudesse et l'affection prudente et lointaine de son père. Et si ses relations avec son frères s'étaient sensiblement améliorées, elles étaient encore loin d'être idylliques et ne le seraient probablement jamais. Aurait-il jamais une chance de réparer tout cela avec sa propre famille, s'il avait la chance d'en fonder une un jour ? Une jeune femme blonde traverse fugitivement ses pensées, mais il la chassa, non sans mal. Il s'arrêta un instant, ferma les yeux et retint l'intense douleur qui menaçait sans cesse de reprendre ses droits.
Un pressentiment le traversa. Il ouvrit brusquement les yeux, soudain inquiet, sans savoir pourquoi. A vrai dire, l'inquiétude ne le quittait jamais vraiment, mais l'angoisse qui venait de le prendre à l'instant, et qui s'était déjà envolé, ne manqua pas de le surprendre pour autant. Le professeur fronça les sourcils, passa une main sur sa nuque raide, fatiguée par des heures de travail, penchée sur des feuilles qui gisaient à présent sur le sol, chiffonnées. Lawrence se pinça les lèvres. Il avait besoin de compagnie, d'autres mots que ceux de son esprit. Et sans réfléchir davantage, il transplana vers les rues de Londres.

Il atterri dans une ruelle sombre, à l'abri des regards. La rue était principalement sorcière, mais on n'était jamais sûr de rien. Il glissa ses mains dans ses poches, et sortit de l'ombre. Quelques passants s'attardaient encore, mais il pouvait presque se considérer seul. Tournant à gauche, il prit la direction des appartements de Lorcàn, certain de trouver en la compagnie de son ami l'oubli dont il avait besoin. S'ils n'étaient pas toujours d'accord, ce dernier avait toujours eu le don de le comprendre et de lui changer les idées, ce pourquoi il lui serait éternellement reconnaissant. Le sourire lui revenait presque alors qu'il ne faisait encore que penser à sa tête alors qu'il le verrait debout devant sa porte. Lorcàn avait bien souvent tenté de le sortir, sans grand succès, de son bureau, et voilà qu'il venait ce soir le rejoindre, sans l'aide de personne. Lawrence se préparait déjà à recevoir les plus sarcastiques des remarques, alors qu'il atteignait enfin le cocon de son ami. Et c'est lui qui, finalement, se révéla être surpris, quand il vit ce dernier assis, le dos au mur, la tête sur ses genoux repliés. Il s'arrêta un instant, soudain inquiet d'avoir trouvé là la raison de son pressentiment d'un peu plus tôt. Non sans crainte, il couru presque jusqu'à son ami, devant lequel il s'agenouilla, priant pour qu'il ne souffre que d'une vilaine gueule de bois. « Lorcàn ? » souffla-t-il alors qu'il posait une main sur son épaule. « Lorcàn, qu'est-ce qui ne va pas ? »
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chaos. (lorcàn)

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