Des plumes d'anges tombent au ralenti du plafond immense et nacré. Tout est flou quand j'ouvre les yeux, je ne sais pas où je suis, ce que je fais là, et soudain j'ai peur de m'être trompé d'endroit. D'avoir erré trop longtemps sur des chemins inconnus, de m'être perdu. Je m'éveille dans le silence pur et froid, j'ai du tomber dans un rêve, encore une fois. Quand se dessinent tes cils, longs et noirs, au-dessus de moi, et tes iris si doux viennent caresser mes joues pour me montrer la route, tu glisses ta main dans la mienne et me dis de te laisser me guider. Mes yeux se referment lentement, je me sens glisser en toi, comme on se laisse tomber dans un bain brûlant. Nos réveils d'antan.
Des goûtes de pluie se mettent à tomber sur mon rêve, en effacent le pastel fragile, floutent ses couleurs frêles. Ton reflet disparaît peu à peu, ma main qui tente de te retenir n'est plus qu'un fantôme. Mon tableau coule et s'écroule. Tous les chemins deviennent noirs, et pour la toute première fois, j'ai peur du soir.
Il l'attrape par la main, juste le bout des doigts collés aux siens par une force qui ne doit rien à la magie, et l'attire contre lui. Son rire effrayé et ravi lézarde les murs et fait rougir les arbres, il sourit. On n'a pas le temps de pleurer, quand on aime. Tout contre elle, il plonge ses yeux dans son regard amande, caresse son nez retroussé et pourtant droit comme celui d'un aigle royal, dépose sa joue contre la sienne – deux mêmes chaleurs qui ne font soudain qu'une. Elle peut tout lui dire, tout lui faire, elle peut lui tirer dessus avec un pistolet chargé, il écartera les bras en croix et tombera dans un grand éclat de rire. Les rayons du soleil percent au travers les arbres qui bougent au vent, éclairant par moment ses cheveux aux reflets ignescents, il l'aime à en crever, tu sais, il l'aime sans compter, il l'aime pour de vrai, plus fort que les rimes et les poèmes. Son visage blanc est caché par ses mèches brunes, qu'il écarte de ses lèvres, avant de les presser sur les siennes comme si leur vie en dépendait, on a peu de temps, tu sais. Pour l'instant, elle est à lui, il est à elle, et il compte bien le lui prouver, lui faire sentir jusqu'à ce qu'elle y croie. Ses neurones explosent au ralenti au contact de ses lèvres dans les siennes, et le Diable, dans un sourire rouge sang, lance son cœur qu'il tenait entre ses doigts contre les parois de sa poitrine avec une force surpuissante qui le propulse contre elle, encore plus près, en elle. Il glisse sa main dans les mèches de ses cheveux de feu, et il ferme ses yeux, entre dans son corps, serré contre le sien. L'éternité d'une seconde les enveloppe comme un châle, électrisant chaque partie de son corps dans le sien, mélange chimique interdit. Son autre main entre dans la sienne, entremêlant leurs doigts et leurs langues dans un même mouvement. Il aurait du résister, mais la mauvaise conscience ne fait déjà plus partie de son monde. Elle est là, et c'est tout ce qui compte. Plus de passé, plus de futur, mais un présent retrouvé, l'éternité brillant dans une seconde. Le monde pourrait brûler autour de nous, tu sais, on s'en fout. Les étoiles les enveloppent comme deux enfants sacrés, et les bercent dans le silence de la nuit.
Ses doigts tapotaient la table depuis près de vingt minutes. Elle était encore en retard, comme toujours, elle prenait un malin plaisir à laisser ses penser l'envahir et le tourmenter, il était sûr de ça. Il avait déjà commandé deux whiskys pur feu, mais ce n'était pas l'alcool qui lui brûlait la gorge. Son rêve d'avant revenait le hanter dès qu'il s'agissait de la revoir, les draps du passé caressaient encore les pores de sa peau et le Diable au fond de lui picotait son cœur de sa queue fourchue, un sourire malin sur ses lèvres noires. Il posa une main contre son crâne - il n'en pouvait plus - il pensa à India, et sa blondeur candide et douce l'apaisa, le bleu de ses yeux inonda son cœur en feu. Il donnerait cher pour être débarrassé de cette brune incendiaire au sourire hyalin, pour qu'elle cesse de le hanter dans ses rêves éveillés. Il sait d'avance comment elle sera, ce qu'elle portera. Un simple chemisier de mousseline légère, juste assez pour masquer ses formes et les révéler par les pointes, les bouts, les détails les plus excitants. Cheveux non peignés, en bataille, négligemment de chaque côté de son visage pale, ses oreilles rondes dépassant d'entre ses mèches folles, ses yeux fiers en amandes, ses lèvres charnues et rose léger entrouvertes candidement, alors que ses yeux jetteraient des éclairs de désirs. Elle en était désirable d'avance, et seule la vision d'India calmait cette torture. Son retard commença à l'agacer. À l'agacer? Tu parles. Comment Thais Anasetti aurait pu agacer Marat Maugham? Elle aurait même pu le faire poireauter trois jours devant sa table moisie et ses whiskys. Mais il aimait à se faire croire qu'elle l'agaçait, qu'il n'avait pas que ça à faire, de l'attendre, il aimait à se prendre pour un homme insensible à ses charmes, comme il n'en existait aucun sur terre, il se faisait encore plus de mal à s'imaginer que Thais n'était qu'une amourette un peu stupide de jeunesse flambante, un trophée qui avait fait son temps.
La lumière dorée du lampadaire de dehors éclaira son visage, et il sut alors que la porte du Chaudron s'entrouvrait, et qu'une sorcière enveloppée dans une cape noire – légère – se faufilait à l'intérieur du bar. Perchée sur des talons exagérément hauts qui affinaient ses longues jambes plus que de raison, Thais Anasetti se dirigea directement vers lui, comme si elle n'avait pas eu besoin de le chercher. Il l'observa s'approcher, puis tirer la chaise vers elle et s'installer en face de lui, détacher la boucle d'argent de sa cape et dévoiler une chemise en mousseline blanche légère et transparente, laissant entrevoir son soutient-gorge de dentelles beiges. Elle portait une jupe cigarette fendue en haut de la cuisse, fente qui s'accentua lorsqu'elle croisa les jambes et s'alluma une cigarette, son regard rusé s'attardant sur la chemise de Marat, entrouverte, son visage n'avait rien de désireux, ses yeux étincelaient. Elle jouait. Sans prendre la peine de demander la permission. Il ignora le Diable qui s'activait dans son ventre et en dessous, et posa ses yeux sur les siens sans ciller. - J'ai besoin de toutes les infos que tu peux m'avoir sur l'attentat du 30 – audiences, agissements du ministère, témoins intéressants, aveux, et les noms de tous ceux que le ministre a jugé bon de ne pas interroger. Tandis qu'il parlait, posément, nettement, il évitait de penser à ses seins, devant lui, juste sous son nez, qu'il avait caressé il y a déjà si longtemps, à son ventre, sur lequel il avait posé sa main autrefois, ses cuisses interminables contre lesquelles il avait tant fait glisser ses lèvres. Ça commençait toujours comme ça. Par l'oubli de ce qui ne s'oublie pas.
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Sujet: Re: make war, not love. Dim 4 Sep 2011 - 20:15
Elle sent ses doigts courir le long de ses bras, les insolents s’aventurent sur son épaule frêle et descendent innocemment. Ils effleurent la poitrine de la gamine insouciante. Elle se donne sans pudeurs, elle s’offre tel un présent. C’est une muse ensorcelante, c’est une enfant qui d’un regard fascine, et qui d’une morsure empoisonne à vie. Abaissant son visage tout proche de celui de son amour, de son bel amant. Elle butine innocemment la bouche tiède, puis mord la lèvre inférieure brutalement. Sans prévenir la garce mordille ou suçote, on ne saurait le dire avec exactitude. Ses immenses prunelles scrutent la victime favorite, elle le lorgne de ses yeux de chat, le mettant ouvertement au défi. Qu’il ose donc un corps à corps, qu’il se débatte pourquoi pas. Un combat dont aucun des deux ne sortira indemnes. Un éclat de rire, elle le lâche et elle se redresse. Toujours assise sur lui. Elle sourit, la jolie Thais. Elle ne fait que sourire, quand elle est avec lui. C’est une pure idylle, une fusion si puissante qu’elle se sent miraculeusement défaillir. Ils sont des opposés, qui s’attirent pourtant. Des animaux sauvages, qui s‘apprivoisent tout en se griffant. Si elle se cambre, c’est pour mieux lui appartenir. Elle va et vient dans un mouvement lascif, elle ne peut cesser ses allers retours instinctifs, tant la chaleur lui immole l‘organisme, fait naître un feu entre ses reins, et lui laboure l‘esprit. Il n‘y a plus que lui, il n‘y a plus qu’eux deux. Une bulle particulière, un univers créé de toutes pièces. Une alliance parfaite, une osmose qui la fait gémir sans retenue. Putain haut de gamme. Non, Thais est une œuvre d’art, lorsqu’elle est prisonnière de ses bras à lui. Elle devient une peinture mouvante, d’un maître expressionniste. Un délire de junky sous acides, une soirée étoilée sous le froid mordant de l’hivers. Trouble demoiselle, contemplant le prédateur au dessous d’elle avec une mine extatique. Il glisse encore, si profondément que ses phalanges se crispent. Elle aime le sentir ainsi, elle se presse contre le torse bouillonnant d’où un muscle fou tambourine. Stop. Son oreille se pose sur la chair ambrée, et elle écoute. Elle s’est arrêtée de bouger, elle croit qu‘il est fait pour elle. Ses bras fluets caressent ses côtés, elle est terrifiée. Thais ne suit aucune logique, elle est irraisonnable et déséquilibrée parce que c’est lui. Ses billes mordorées grandes ouvertes, elle a soudain peur de le perdre. Impertinente enfant, se jouant des mœurs et des règles établies. Crachant sur ses concepts hasardeux et pleins de ringardises. Elle se retrouve actrice de sa propre perte. Au bord du rêve, aux frontières enivrantes de l’allégresse la plus exquise. Thais soupire, elle essaye de récupérer son souffle. C’est peine perdue d’avance, elle a engagé un combat. Marat ne la laissera pas s‘en tirer avec facilité. La mélodie raisonne. Le rythme s’accélère et ses perceptions s‘accentuent. Elle ne pense plus, la jolie Thais, elle ne peut pas, il l’en empêche. Ses mains empoignent sa croupe, il la masse furieusement. Ses lèvres affamées explorent. Un baiser d‘une infinie lenteur, il goutte, elle dévore. Il glousse, elle ondule sur lui. Il ne la mangera pas cette nuit. Il la préfère plaintive et sublime. Elle est nue, elle est libre, elle resplendie. Une Aphrodite, une déesse qu’on ne devrait pas laisser vivre tant elle finit par obséder. Thais vacille, son buste délicat s’écrase avec langueur sur celui de sa moitié. Elle l’a pris au piège, elle dépose sur cet homme sa marque. La nymphe vient de lui balafrer le cœur, elle se venge car il l‘effraye, il l‘a rend fragile, à fleur de peau. Il lui suffirait d‘un coup précipité, et la poupée se disloquerait en mille morceaux. Deux minutes s’écoulent, c’est un silence religieux, une communion merveilleuse de leur corps fatigué, et de leur esprits en fuite. L’ingénue lui murmure un « tu ne seras jamais le seul. » La jolie Thais ment, elle ment encore et encore, parce qu’elle a peur. Terriblement peur. Elle lit en lui, il lit en elle. Alors pourquoi tente t’elle de le duper ? Parce que la poupée de porcelaine a peur de se briser.
Dans la rue sombre et poisseuse, Thais avance, elle se souvient, elle frissonne. Le vent lui glace les os, sa mémoire l’ébouillante. De droite à gauche ses hanches se balancent. Une démarche de félin, elle est une panthère arrogante et puissante. Personne n’ose l’aborder, personne ne se met en travers de sa route. Le chemin qu’elle empreinte est sinueux, et étroit. Thais bifurque, et s’engouffre dans une ruelle mal éclairée. Qu'à cela ne tienne ! Elle est une sinistre garce, qui d’un bref geste de poignet met un monstre à terre. La gamine effroyable n’éprouve aucune appréhension envers les créatures qu’elle ne distingue pas. Elle est épouvantée par ce qu’elle visualise. Son ventre lui fait mal, et son pou s’accélère à chacun de ses pas. Une œillade furtive à l’intérieur du chaudron baveur, et la jeune femme le voit. Se pinçant la lèvre, elle hésite. Elle est en retard, certes, mais ce n’est pas là sa préoccupation première. Baissant son menton sur les pavés qui longent l’allée malfamée, elle agonise. Elle a pourtant juré de ne jamais flancher, et de toujours rester digne. Mais à quoi servent les mots et les promesses, quand on est tragiquement perdue telle une petite fille ? Serrant les poings, la muse fronce les sourcils et soulève son minois en direction de la porte du bar peu recommandable. Endroit discret, où ils peuvent se retrouver. Où elle peut le lorgner et le dévisager, sans que cela ne paraisse suspect. Elle est son contact. Rien d’autre qu’un contact qui lui apporte des informations. Emmitouflée dans sa longue cape d’un noire de nuit ravissant, elle pousse la porte avec élégance. Sans relever le nez, la poupée cassée se dirige droit sur l’avorton qu’il est. Indifférente au monde qui l‘épie, ses interminables guibolles foulent le sol crasseux du lieu. Nymphe qu'on adorerait saisir, elle est inaccessible. Thais tire la chaise nonchalamment, et s’assoit en face de lui. Feignant à merveille un je m’en-foutisme profond, elle est tout bonnement charmante. Détachant la boucle d’argent, elle abaisse le capuchon qui lui recouvre le crâne, laissant s’épanouir sa crinière brune maintenue avec un chignon lâche. Des mèches balayent son visage angélique, son regard charbonneux s’oriente sur l’éphèbe, et le transperce sans prévenir. Un jeu de dupes débute, elle s’en réjouit d’avance. Enlevant sa cape, qu’elle dépose soigneusement sur son siège, elle en sort un étui en argent ciselé, qu’elle ouvre. Patiemment, elle prend une tige à cancer qu’elle allume d’un briquet moldus. Puis claque le couvercle, et le balance lui et briquet sur la table de bois massif. La clope fumante se coince entre ses lèvres charnues. Elle aime se faire remarquer, avec ce genre de futilités. Excentricités qu’elle exécute tel un rituel qu’on ne peut déranger. Une réflexion sur ses habitudes vaudrait une pique cinglante, ajoutée à un sourire carnassier.
Thais croise ses jambes et sa jupe fendue s’ouvre plus largement sur sa cuisse à la couleur laiteuse. Ne quittant pas une seule seconde Marat des pupilles, elle le devine frémissant. Elle se dit tant mieux. - J'ai besoin de toutes les infos que tu peux m'avoir sur l'attentat du 30 – audiences, agissements du ministère, témoins intéressants, aveux, et les noms de tous ceux que le ministre a jugé bon de ne pas interroger. Il parle, tranquillement. Sa voix grave et rocailleuse l’envoute, elle clos ses paupières, soustrait sa cigarette de sa bouche et un sourire conquis s’immisce. Soufflant le nuage toxique, ses poumons se vident quasiment. Ses paupières se rouvrent, elle fixe Marat. Se penchant sur la table qui les sépare, Thais lui offre une vue imprenable sur sa poitrine, qu’il aime tant. Une moue boudeuse scotchée sur sa frimousse enjôleuse. Elle chuchote - Moi aussi je suis contente de te voir. Avant d’éclater de rire. un rire cristallin qui s’envole dans l’atmosphère comme une nuée de morceaux de verres. Levant le bras, de sa main à la cigarette, elle fait signe au barman de leur resservir la même chose. Et la nymphe revient sur l’apollon. Reprenant son sérieux d’un battement de cils, son sourire s’est éteint. Le buste raide sur son assise, elle plante ses iris dans celles de son âme sœur. Et de son timbre le plus discret, elle se met enfin à parler. - Officiellement, je n’en sais pas plus que ce que le daily prophet nous narre. Laissant planer le doute, elle roule ses yeux au plafond et reprend d’un air las. - Officieusement, nous redoutons une mise en garde, de tes ennemis. Il y a eu utilisation d’un sort de mort, Marat. Ils étaient là pour faire le plus de victimes possible, dans un labs de temps très restreint. Je crois que ce n’est que la première attaque d’une longue liste contre les nés moldus. Et certainement les sangs-mêlés, ensuite. Tu devais bien te douter que ça arriverait un jour, n’est-ce pas ? Secouant sa tête, désapprobatrice, elle continue. - Le lendemain de l‘attentat, le Ministère était en émois. Conneries, il y a aujourd’hui, des taupes dans chacun de nos services. Dès que j’en découvre une, je jure de lui enfoncer le crâne dans une cuvette de chiottes jusqu’à ce qu’elle s’asphyxie. Les innocents vont être les premiers à payer dans cette guerre absurde. Nous n’avons aucun nom, aucun visage. Mais toi comme moi savons où frapper. Si je n’avais pas une règle de conduite à suivre, je ne me soucierai pas des noms et des responsables. Je foncerai dans le tas, en espérant les ébranler assez pour qu’ils se mettent eux même en danger. Se reculant contre son dossier, elle remet sa clope entre ses lèvres, le regard pensif. Et conclut avec un naturel démoniaque, dénué de sentiments. - Blanche Sherridan, Heuphrosyne de Faversham, et Hyacinte Delange. Ca te dit quelque chose, mon ange ?
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Sujet: Re: make war, not love. Mar 6 Sep 2011 - 21:48
« Moi aussi je suis contente de te voir ». Il la fixe sans le moindre sourire, mais elle sait que sous son masque il rit, comme toujours lorsqu'elle lui murmure près des yeux ce qu'il essaie de taire. - C'est vraiment pas le moment. Il est sec et désagréable, ça ne lui ressemble pas, elle le saura. Il n'ont jamais su se mentir, mais ils ont toujours essayé. Lorsqu'elle lui a dit je t'aime, il a dit moi non plus. Lorsqu'elle lui a dit qu'il ne serait jamais le seul, il lui a dit qu'il la croyait sur parole. Mais lorsque les fleurs de l'enfance sont fanées, est-ce qu'on peut encore jouer? Lorsque la vie nous presse de la vivre, que la musique s'éloigne doucement comme un poème de Verlaine, est-ce qu'on peut encore prendre le temps de se regarder, et de rire? Alors on pose un masque sur le précédent, on les empile, on devient un énorme tas de masques de toutes les couleurs, un clown qui fait rire les enfants qui le montrent du doigt, et que les parents observent d'un air indulgent. On est adulte, on est censé et raisonnable, on est pitoyable. On s'agrippe à la vie qu'on ignorait plus jeune en lui tirant la langue, on se rattache aux codes sociaux, on devient, sans le savoir, ce qu'on refusait catégoriquement un peu plus tôt, quand la vie ne paraissait pas encore si lointaine – et tes iris aussi. Elle est tout près de lui, sa poitrine ronde et blanche avec elle, et pourtant, des millénaires les séparent, des milliers de chemins tous différents, qu'ils n'ont jamais foulés. Son esprit joueur et insolent prend le dessus, et il abaisse son regard jusqu'à sa poitrine qui lui est toute offerte – pour de semblant. Il contemple alors sa peau laiteuse et ronde, le creux qui unit ses seins, descend encore jusqu'à la déshabiller de ses yeux, et les remonte doucement pour les poser sur les siens, un petit sourire en coin vient allumer son visage. Rallumer la chandelle chancelante jamais tout à fait morte dans ses cendres. Elle sait qu'elle pourrait tout lui dire, la pluie et le jour, le sexe ou l'amour, et qu'il poserait toujours ces mêmes yeux sur son corps et son âme, ces yeux qui ne savent pas l'oublier, parce qu'elle réapparait toujours, inévitable persistance rétinienne. Parce que son visage se dessine éternellement dans le blanc de la lune, parce qu'il ne peut pas fermer les yeux sans la voir, pas fermer sa braguette sans la sentir, parce qu'elle fait partie de lui depuis qu'il l'a explorée comme jamais aucune autre femme ne l'a été. Et elle le sait. Et il aimerait qu'elle l'ignore. Il aimerait qu'elle le gifle et sorte. Mais Thais est un souvenir incessant, un fantôme de chair délicieuse qu'il va toujours chercher, où qu'il soit, quelque soit le temps passé – il débarque et l'embarque, parce que sans elle sa valise n'a plus de sens. Ses départs non plus. Son existence. Son regard a plongé dans le sien, et il voit au travers ses yeux, nage dans son esprit, se perd et retrouve des chemins connus, des chemins d'autrefois, encore chauds de leurs corps et de leur passion innocente. Il sort en courant, comme un damné, et quitte ses yeux avec violence, les plonge contre le bois miteux de la table du bar. Ils s'étaient quittés parce qu'ils ne vivaient plus, à deux dans un seul corps, parce qu'ils étouffaient. La regarder de trop près le plongeait en apnée. Il se retire, et elle frémit. Il fuit, et elle a peur. Depuis le temps qu'elle danse sur le fil dangereux de ses doigts, la poupée d'argent fêlé, elle a peur de tomber, et ne tombe jamais.
Il boit une gorgée de son whisky, et repose sa chope, prêt à entendre ce qu'elle a à lui dire. Les Deatheaters, évidemment, du moins le travail mal fait des rafleurs à leur service – il le savait déjà. « Tu devais bien te douter que ça arriverait un jour, n’est-ce pas ? » Il fixe sa chope, sérieux et pensif. Des attaques au grand jour, avant même la tombée de la nuit, ça voulait dire le réveil de la bête. Qui, parmi les Deatheaters – dont il connaissait tous les noms et les brèves biographies – avait pu ordonner une telle révélation? Dimitrov? Peut-être pas, il était un peu trop intelligent et, d'après ses prévisions, il se ferait bientôt supprimer par Winkley pour son audace et le danger qu'il représentait. Il l'attendait toujours d'ailleurs, car la punition générale infligée aux Deatheaters trop ambitieux était une mission à l'encontre d'Archie Maugham. Des taupes? Il lève les yeux sur elle, un bref éclair passant dans ses pupilles. - Tu peux surveiller Demetrius Flavershaw pendant une dizaine de jours? Je dois savoir s'il récupère des documents dans le bureau du ministre soit en tout début soit en toute fin de semaine, et s'il parle avec Jeff Ulhman, qui bosse aux Détournements de l'Artisanat, et qui n'a donc aucune raison de le fréquenter. Il écoute aimablement ses paroles meurtrières à l'encontre des taupes cachées dans le Ministère et ce qu'elle aimerait leur faire, sentant le Diable au fond de lui ronronner de plaisir. Athéna et Aphrodite semblaient s'être miraculeusement accouplées dans des ébats dorés et scintillants, et avoir donné naissance à Thais, déesse de la guerre sexuelle. Il en frémit et n'a qu'une envie: l'allonger sur cette table minable, qu'elle transformerait instantanément en or pur, il le sait, glisser sa main sous sa cuisse et l'attirer contre lui, déchirer lentement la fente de sa jupe au rythme de ses murmures dans son oreille, tandis qu'elle planterait ses griffes dans sa nuque, et l'image d'India Collman, muse de beauté et de douceur, de pureté et d'amour sain, s'immisce dans ce tableau indécent pour lui souffler au visage ses paroles angéliques et rassurantes. India écrase le Diable d'un coup de pied plat, et le Diable se tait, sous le choc. Marat se renverse sur le dossier de sa chaise, un sourire aux lèvres. - Un vrai petit soldat. Blanche Sherridan, Heuphrosyne de Faversham, et Hyacinte Delange, ouais, il avait déjà eu le résumé complet par Hyacinte lui-même, qui s'était débrouillé pour joindre l'ordre le plus rapidement et le plus discrètement possible, autrement dit: les IW étaient venus à lui. Plongé dans son travail et ses réflexions, il n'avait même pas tilté au surnom ironique. - Tu sais si les deux filles sont de sang mêlé ou filles de moldus? Dans tous les cas, ils allaient avoir du boulot: protéger un père, une mère ou même les deux, des soeurs et des frères, organiser des rondes, le tout dans la plus totale discrétion, puisque le but final était de coincer le mal à la racine. En faire des proies, tout en les protégeant. Une stratégie dangereuse mais à leur mesure, qui leur avait déjà permis de découvrir énormément de choses et de personnes. Il avait reposé son regard sur elle en la questionnant, et il se rend alors soudain compte à quel point les décors glauques comme celui-ci la rendent encore plus attirante. Qu'aurait bien pu foutre Thais Anasetti dans un palais, sur un nuage merdique ou encore dans un coquillage ouvert? Rien que le modèle immobile et fantasmagorique d'un peintre possédé et impuissant. Dans la pénombre qui initiait au mensonge et au sexe sale, la beauté inaccessible de Thais paraissait alors plus réelle, plus palpable, cent fois plus proche. Ils avaient bien des chambres, au Chaudron Baveur, juste au-dessus d'eux, d'ailleurs. Il ne sait pas si elle lit dans ses pensées ou non à cet instant, mais il sourit, instinctivement.
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Sujet: Re: make war, not love. Mer 7 Sep 2011 - 19:35
« Tu peux surveiller Demetrius Flavershaw. Jeff Ulhman, Détournements de l'Artisanat. » Voilà tout ce qu’elle entend. Elle le lorgne, elle le guette et ne peut s’empêcher d’esquisser un bref sourire. Un regard suffit à le mettre à nu, elle détaille ses contours et sent son âme s’emmêler entre ses doigts. La prédatrice emprisonne son essentiel, elle ne le laissera pas s’échapper une seconde fois. Mariée, murmure une voix en son for intérieur. A coup sure, voilà sa fragile et vacillante raison, qui lui dicte sa conduite. Mais Thais n’obéit pas. Elle est trop intelligente et observatrice pour cela. Nul besoin de conseils, elle suit ses instincts et ses pulsions. Froide et miraculeusement calculatrice. Thais a pour ambition de la lui arracher, dans l’instant, cette âme que Marat lui interdit d‘effleurer. Il lui manque l’autre moitié, pour qu’elle redevienne un tout. Cette moitié appartient à ce salopard furibond, qu’elle adore titiller. Lorsqu’elle l’avait, cette fameuse moitié, elle étouffait, suffoquait, s’asphyxiait. Est-ce donc la meilleure idée que de la lui voler ? Elle suppose qu‘elle devra la lui faire bruler, sa belle âme endiablée. Un feu brulant et incandescent. Elle se perd, la jolie poupée, elle ne peut pas s’en empêcher. Galvanisée, sous l’emprise de son obsession fatale. Un être, Marat est son autre, elle le saisit dans ses moindres détails et ses plus imbéciles apparats. Elle n’en fera qu’une bouchée, lorsqu’elle l’aurait décidé. Thais contemple son gibier, sa proie. Un autre monstre, une bête déchainée et enragée. Le combat, elle l’attend. Elle ne s’y ose pas encore, de crainte de perdre. La muse ne supporte pas qu’on la rabaisse, et venant de Marat, ce serait sa plus foireuse et épouvantable des défaites. Se mordillant la lèvre inférieure, elle louche sur la musculature fine qu’elle entraperçoit par le col de la chemise ouverte. Sans s’en rendre compte, ses dents s’acharnent frénétiquement sur le morceau de chair rouge éclatant, jusqu’à surement le blesser. Qu‘il se mette à saigner, Thais n’en a que faire. C’est que la jolie poupée est hantée et hypnotisée par cet homme. Ce branleur à la joue balafrée, à la bouche experte et aux phalanges aventureuses. Les visions s’accélèrent, les souvenirs la font presque rougir. Son teint d’ivoire demeure cependant intact, elle est parfaite. Elle est sublime. Une femme fatale qui d’un claquement de doigt se mue en femme enfant. Une innocence feinte, pour attirer la cible dans le piège. Tu sais, mon ange. Tu vas souffrir. Se dit t’elle en relevant ses iris sur celles de sa moitié, un sourire enjôleur naissant sur sa bouche charnue et dessinée par quelques odieuses et démentes divinités. Alanguie sur le dossier de son assise, elle réfléchit, elle songe. Elle écoute d’une oreille distraite ce qu’il lui demande. Perturbée, toujours plus intensément et puissamment. Il y a un incendie dans son bas ventre, des picotements qui la font soudainement et imperceptiblement gigoter sur place. Portant sa main droite à la cigarette fumante, elle la retire. Thais expire le nuage argenté avec calme et volupté. Et sa petite patte libre, en toute discrétion, vient se poser au dessus de son intimité, sur sa jupe fendue… Qu’il aimerait déchirer. Elle a vu l’éclat trouble, elle a senti le souffle tiède sur sa joue, et le chuchotement de son âme qui s’adresse à sa sœur. Les deux garces discutent ensemble, elles s’électrisent et délaissent les pantins libidineux à un manège on ne peut plus dangereux. La séductrice papillonne des cils, et remet sa tige à cancer entre ses dents. Soupirant d’aise, elle se redresse, son buste se raidie. Elle se cambre en douceur, met ses coudes sur la table de bois brute et pose son jolie minois de chatte en chaleur sur ses paumes de mains ouvertes. Et la vision des monts se dévoilent encore au garçonnet imprudent. Une poitrine ronde et ferme, pas spécialement imposante, indécemment attirante. Au milieu, on croit apercevoir un bout de bois taillé avec adresse. Elle range sa baguette entre ses deux savoureuses pêches. Son chemisier se presse sur sa lingerie fine, d’où on distingue quelques motifs en dentelles. Enfant modèle, jeune fille exquise, sans imperfections aucunes si ce ne sont ses prunelles maquillées ; une poudre charbonneuse qui ensorcèle et accentue l’aspect charnel et passionnel de cette nymphe envoutante. Croqueuse d’hommes, allumeuse qui s’assume. Avec elle on peut guigner, mais rares sont ceux ayant la chance de toucher. Son boulot d’informatrice l’ennui, elle se fiche du monde, elle se fiche des moldus qui meurent et de la guerre qui se joue. La fière demoiselle ne supporte pas les taupes, son calvaire s’arrête là. Jour après jour, tout se ressemble, tout devient mortellement angoissant car répétitif. Elle s‘amuse, comme elle le peut. Se divertie de sa morne vie, et se change les idées, à l‘écart des histoires de son putain de mari gay. Si il n’était pas son compagnon, elle trouverait à la situation un truc excitant. D’ailleurs, elle ne le nie pas : Observer son conjoint avec un autre homme au pieu ne lui déplait pas. Seulement à la longue, cela devient de moins en moins passionnant. Et si les amants s’enchainent, entre ses gambettes filiformes, ils se ressemblent également. Marat sort du lot, Marat a exploré chaque parcelle de sa peau. En toute impunité, sans aucunes inhibitions. La limite du sale et du laid, ils ne l’ont jamais trouvé. Excès et décadence. La débauche les attire autant qu’elle les guide. C’est elle qui les relie et les font interminablement se frôler. Chaque entrevue la plonge dans une transe exceptionnelle, elle se sent revivre et redécouvre un sens à l’existence. Un chemin sinueux, un chemin plein de morceaux de verres éparpillés. Thais marche à pieds nus sur les projectiles tranchants, et de son déhancher à faire pâlir les midinettes et blondasses que l’on remarque sur les pages de magazines, elle fait signe à sa moitié de la rejoindre, elle agite son index dans sa direction et lui offre un charmant sourire. Et Marat ? Marat hausse les épaules, pourtant il retirera indéfiniment les chaussures. Marat regarde ailleurs, mais il viendra jusqu’à elle, il ne peut pas résister au chant destructeur de sa sirène. La table de bois est trop large, sa chaise trop éloignée, ses bras trop courts, sa gorge inaccessible. Thais lorgne l’apollon sans sourciller, un masque sous un masque. Elle n’exprime rien. Identique à celui qu’elle a en face. Elle est une créature nocturne, munie d’une aura qui donne de douloureux frissons. La clope au bec, elle aspire le poison à plein poumons tout en le lorgnant. Cela l’empêche de descendre ses billes noires sur la nuque dégagée, sur ce qu’elle aperçoit des clavicules et du poitrail qu’elle désire ardemment griffer. Jusqu’à sang, peut être, sans doutes, elle hésite, elle souhaite le mordre et gouter à sa chair ambrée. Elle aime le sentir vibrer sous ses assauts, autant qu’elle tremble lorsqu’il est en elle et la soulève. Qu’il va et vient, avec fureur entre ses cuisses brulantes. C’est un jeu, un jeu morbide et malsain de deux enfants dramatiquement fêlés. Marat semble désagréable, et bourru. « Tu sais si les deux filles sont de sang mêlé ou filles de moldus? » Thais ne voit que le Narcisse sauvage et impétueux qui l’enivre. Elle ferme les yeux subitement, et serre plus fort les cuisses. Ravalant de justesse un gémissement. La muse sait pertinemment qu’on l’examine, du coin de l’œil. Ainsi, elle juge bon d’en rajouter, et balance soudainement son crâne en arrière. Ses lèvres se descellent, elle prend délicatement sa cigarette entre deux doigts et pousse un soupir audible. Presque gémissement, que l’on retrouverait sans grand mal auprès d’elle dans des draps emmêlés. Elle se fout ouvertement de lui, sans honte. Et suppose avec malice que les hommes et lesbiennes aux alentours ont vrillé leurs pupilles crasseuses sur sa personne. Sylphide aux extravagances hasardeuses, et aux frasques retentissantes. Rabaissant sa tête derechef sur ses mains, les coudes toujours plantés sur la table. Elle le guette et se décide enfin à lui répondre. Son index et son majeur soustrayant à sa bouche affamée et pécheresse la clope, ils l’écrasent mollement dans un cendrier. - Sheridan : Sang-mêlé. De Faversham : Sang-mêlé. Réplique t’elle avec nonchalance. Affichant une moue boudeuse, elle lit en lui, exactement maintenant, à cette seconde précise. Déconnectée totalement de la réalité, elle le scrute sans plus vraiment le voir, elle le dévisage effrontément sans le savoir. Puis articule, sans intonation particulière, tel un automate. - Tu ne dois pas te mettre en danger Marat. Tu n’en as pas le droit, pas si je ne suis pas là. Elle se doute de ses intentions, et Thais a peur. Son subconscient parle pour elle. Elle fait référence à une promesse qui lui avait faite. Il ne partira jamais sans elle. La jeune femme tend l’avant bras, sa tête uniquement soutenue par l’autre. Et elle plonge son index dans le reste d’alcool de Marat. Ramenant son doigt à sa bouche, elle l’y enfonce ingénument, et suce son doigt goulument. - Pour la surveillance des deux autres, je le sais déjà. Ils sont sous le joug de deux de mes collègues. Moi, je ne m‘occupe pas de ça. Rétorque telle platement en se levant sur ses deux immenses guibolles. Thais sait tout. Thais n’a pas besoin qu’on lui dise quoi faire. Puis elle s’échappe de la table, laissant ses affaires aux bons soins de Marat. Il les prendra pour elle, il n’a pas le choix. Capricieuse enfant. La nymphe se dirige vers le barman, elle lève un doigt, et pointe l’étage du dessus. Il se retourne et sans qu’un mot soit nécessaire, fait glisser une clef sur le comptoir, avec pour numéro attaché le 8. Thais aime, le numéro 8. Elle ne sait pas pourquoi. Mais elle aime. Chiffre capable d’infini, chiffre pair. Il a tout pour plaire. - Il y a un jeu d’échecs là haut ? Demande t’elle, l'insolente môme. Le barman fait non de la tête - Mais y‘a des cartes. Elle sourit, la jolie poupée brune. Strip poker ? On y croit… Si Marat veut des informations, il n’a qu’a suivre. Elle veut du calme, elle veut de la tranquillité. Elle veut beaucoup de choses, et ces dernières idées sont certainement de très vilains mensonges. Déjà sur les marches, ses talons immenses claquent. La demoiselle file au premier, elle n‘a rien a se reprocher n‘est-ce pas ? Ce n’est pas elle qui a eu l’idée. L’autre en face n’avait qu’a bâillonner le diable qui s’agite en lui, la succube en elle a réagi.
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Sujet: Re: make war, not love. Sam 17 Sep 2011 - 22:39
Elle n'est qu'un amour d'enfant, rentre-toi bien ça dans le crane, une passion enfantine et trop forte pour durer, comme le sont toujours les choses qu'on ne maitrise pas totalement; le cerveau finit par les laisser de côté, lassé par l'aventure. Mais il était un immature de nature. Attaché aux plaisirs d'antan, collés à ses rétines comme des souvenirs brûlants. Elle l'emprisonnait, peu à peu, lui faisant oublier les réponses qu'elle lui donnait à peine il les entendait, lui faisant oublier pourquoi il était là: elle arrivait à lui faire oublier ses propres raisons de vivre, son existence toute entière. Elle lui aurait fait oublier la mort et la vie, elle et lui vivaient au-delà de tout, au-delà du réel. Il avait besoin d'un sortilège, d'un antidote, d'un jet d'eau glacée en pleine gueule, mais elle le tenait par où vous savez. « Tu ne dois pas te mettre en danger Marat. Tu n’en as pas le droit, pas si je ne suis pas là. » Cause toujours, j'ai envie de toi. Le danger, c'était son essentiel, il aimait tout ce qui y avait trait, et emmener Thais dans son lit, encore une fois, représentait un danger mortel pour l'âme, un danger mortellement excitant. Il écoute sa dernière phrase qui le révolte, et s'apprête à répliquer, à moitié dans les vapes, quand Thais se lève, le foudroyant sur place. Immense et majestueuse, éminemment désirée et désireuse, il en a la chair de poule et se tait, la regarde d'un air interdit se diriger vers le bar et demander une chambre, puis disparaître dans les escaliers, ses talons hauts silencieux sur le bois usé. Dur retour à la réalité, il baisse les yeux et regarde les liens charnels qui le maintiennent prisonnier. Elle ne devrait jamais laisser seuls ses détenus, elle manque encore d'entrainement, car, déjà, le visage sublime et doré d'India se pose contre le sien, ses lèvres déposent un doux baiser contre son front, il lève la tête, et ferme ses yeux. Le regard azuré de son amour lui dit de la rejoindre, de l'emmener vivre au loin, loin de tout ça, d'oublier, pour tout recommencer. Un sentiment de violence et de haine s'empare alors de lui, tandis qu'il se lève brutalement et repousse sa chaise du talon. Il grimpe les escaliers quatre à quatre, prêt à écarter d'un geste brusque toute personne qui sera sur son chemin, des étincelles d'or dans ses yeux. Il sait où elle est comme un chien sent sa piste, il suit ses pas comme le fil d'Ariane, il la retrouverait au bout du monde, et au-delà. Il ouvre la porte et la laisse s'abattre contre le mur. Elle est là, sa créature, l'attendant si sûre d'elle, si certaine de n'avoir commis aucune erreur. D'un coup de pied, il referme la porte qui claque derrière lui, s'approche d'elle et l'attrape par le bras, la relève du lit pour l'attirer contre lui, son visage à quelques millimètres du sien, son souffle dans le sien. Il serre son bras trop fort et s'en fiche, cette douleur n'est rien comparé à ce qu'elle lui fait subir, et elle le sait, le rire perce au travers le fond de ses yeux, et il plaque son front contre son front, plein à craquer de désir et de haine, prêt à exploser et tout emporter avec lui, elle y compris. « À quoi tu joues Thais. » Il la secoue à lui en faire du mal. « À quoi tu joues? » Il la boufferait, il la mordrait, il la torturerait s'il le pouvait, s'il n'y avait pas ces iris ambrés pour le retenir, ces lèvres pures et gonflées par les pleurs qu'elle verse en secret, tout cet être si précieux pour qui il se damnerait. Indestructible, elle est son horcruxe. Il se sent vieux, il se sent las, il se sent à bout. Il lâche son bras endolori, lui qui riait il y a peu, quand les choses se corsent, quand on dépasse ses limites, il perd le nord. Il s'affaisse, lentement, sûrement comme Vercingétorix s'est affaissé à contre coeur, impuissant, aux pieds de César, il laisse ses mains glisser le long de ses bras, contre le dos de ses mains, contre ses hanches, le long de ses cuisses, de ses mollets, et tombe à genoux à ses pieds.
Ses mains entourent ses chevilles minces, et il baisse la tête. Chaque inspiration lui déchire la poitrine, sans qu'il sache pourquoi, ça le rend fou. India l'a abandonné, l'a laissé seul au bas des jambes interminables de Thais Anasetti, son sauveur n'est peut-être pas encore né. « Disparais, s'il te plait », arrive-t-il à articuler à voix basse, une supplication. Il ne peux rien dire d'autre, il est anéanti, brisé, fini. Le diable danse la samba autour de lui, le gifle de sa queue fourchue en lui murmurant des paroles obscènes, lui montrant les images dont il rêve en secret, excitant le bas de son ventre, désir qu'il essaie, impuissant, de retenir. Il ne peut pas. Il ne doit pas. India n'est pas une femme à qui l'on fait ça. Disparaît. Transplane. Va-t-'en où tu voudras, laisse-moi, pour toujours, c'est ma dernière demande, mon épitaphe. Je veux oublier. Oublier ce que je tiens entre mes mains, cette chair de velours et ces os de jade, ces cuisses légères et adorées, ce paradis sucré auquel j'ai goûté à en mourir des centaines de fois, ce ventre plein d'une chaleur qui m'est toute destinée, ces seins qui n'appartiennent qu'à moi, fais-moi oublier que la vie a été belle avec toi. Il ne pleurera pas à ses pieds, parce qu'un homme ne pleure jamais, il ne suppliera pas en tremblant, parce qu'un homme ne tremble pas, il ne la frappera pas, parce qu'un homme ne frappe pas une femme, il ne fera rien, parce qu'il n'y a plus rien à faire. Son rapport d'activité se transforme en cauchemar, quand le diable s'approche de son oreille et lui dit que tout peut être simple, que tout est facile, qu'il n'y a qu'à embrasser chaque centimètre de la peau de Thais, jusqu'à se fondre dans son intimité, jusqu'à la sentir frissonner et gémir sous ses baisers, que la vie ne vaut que par ça, que sans ça, autant crever. On se retient d'aimer, on vit pour rien. Mais Thais ne disparaît pas, et il ne veut pas y croire. Elle est sûrement partie depuis toujours, elle n'a sûrement jamais existé que dans ses rêves et ses délires, son corps entre ses doigts n'est qu'une hallucination de plus. Toujours à genoux, il défait la boucle qui tient sa cheville et retire son talon haut, lentement, pose son pied sur sa propre cuisse, et embrasse doucement son mollet de bas en haut, monte ses baisers et ses doigts jusqu'à son genou, embrasse sa cuisse, qu'il caresse de ses mains qui grimpent encore jusqu'en dessous de sa jupe, tout en haut de sa cuisse, l'embrasse parce qu'il n'y a plus que ça qui compte en Enfer. Il soulève sa jupe par le dessous, la saisit par les hanches, la force à se baisser et s'assoir sur lui, une jambe de chaque côté, à même le sol sale dont il se fout depuis longtemps. Il ne la regarde pas, il évite son regard, et défait la seconde boucle de sa chaussure comme pour gagner du temps, le temps qu'elle s'en aille. Mais le corps de Thais est toujours là, pesant sur le sien et tendant chacun de ses muscles alors que ses doigts dézippent sa jupe de cuir, remontent jusqu'à son ventre et glissent sous son chemisier léger, viennent défaire son soutient-gorge et pressent sa poitrine qu'il ne saura jamais oublier, parce qu'on oublie que ce qui ne fait pas partie de nous. Il voudrait qu'elle lui dise que ce n'est qu'un rêve, mais la bouche de Thais ne dit rien, et c'est si cruel qu'il en hurlerait, alors qu'il ne sait que poser ses lèvres sur ses seins tandis qu'il la presse contre lui et murmure, « arrête-moi. » Mon dieu, fais que quelqu'un, n'importe qui, nous surprenne et nous oblige à nous arrêter, fais, s'il te plait, que quelqu'un me sauve.
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Sujet: Re: make war, not love. Dim 18 Sep 2011 - 1:02
Elle s’en va, elle disparait. Elle longe les couloirs et devant la porte, elle tourne la clef dans la serrure ; des odeurs lui assaillent les narines. Elle fronce les sourcils en avançant sans un bruit. Ses grands yeux noirs explorant calmement l’endroit, la belle enfant finit par s’installer sur le bord du lit. Les jambes croisées, elle attend que son bel ange viennent cramer ses ailes. Il n’a pas le choix, elle ne lui a jamais vraiment demandé son avis. La sylphide soupire, et abaisse sa frimousse sur le sol poussiéreux. Elle ne sait pas si ce qu’elle fait est une erreur, elle ne sait pas comment gérer les sensations qui la traversent et la bousculent. Mais elle sait pertinemment qu’il est là, tout près. Et qu’il vient à sa rencontre. Marat ne peut pas la laisser seule, il ne peut pas l’abandonner, n’est-ce pas ? Il doit la faire fuir, la refouler, ou la blâmer. Et la rejeter ? Non. Elle s’y refuse. Qu’il ose, et elle l’abimerait. Orgueil mal placé, jalousie soudaine pour cette garce blonde qu’elle ne connait pas, mais qui retient prisonnière son âme sœur. Que lui arrive t’il ? Elle vacille, sa conscience tourne et ses principes s’envolent. Informatrice, il n’y a rien de plus. Elle se souvient de leur serment, elle se souvient avoir juré avec lui, que tout était fini. Sauf qu’elle hésite, qu’elle se pose beaucoup trop de questions. Et si elle avait fait une lamentable connerie ? Et si elle avait fui parce qu’elle avait eu peur ? Thais se voile la face, elle se cherche des excuses et refuse de voir la réalité en face. Elle est terrorisée en sa présence, Marat l’épouvante à tel point qu’elle cherche inévitable à s’échapper, à ne pas croiser ses prunelles ou son sourire. Sans lui... Elle meurt, doucement, et s’enlise dans une névrose qui ne tardera pas à devenir une psychose. Suffoquant, elle est sur le point de pleurer. Fondre en larmes serait une solution. Sauf qu’elle est au dessus de ça, elle est au dessus de tout. Elle est pathétique et misérable, la gamine excentrique souhaite le sentir immédiatement contre elle. Ses mains chaudes doivent se poser sur sa peau tiède. Elle est en manque, comme une putain de junky en sevrage, qui rechute après des années de lutte. C’est bon, tellement bon… Ses paupières se ferment lentement. Et soudain la porte claque, une fois. Une deuxième fois. Elle a ouvert ses prunelles au monde. Son monde. Lui. La stupeur se lit sur son visage, immobile, le corps raide. Incapable de faire le moindre mouvement, elle est horrifiée. Il est monté, il l’a suivi. Il n’avait pas le droit ! Il devait faire l’inverse ! Crétine, qui ne sait s’en tenir à ses avis. Remords, envies, c’est un ensemble qui la perturbe et la blesse horriblement. Le buste droit et l’air dédaigneux, c’est un affreux masque qu’elle affiche. Refusant catégoriquement de dévoiler son ultime caprice, sa plus grande faiblesse… Sa moitié. Elle respire. Marat l’agrippe et la tire par le bras, l’odieuse naïade couine mais ne grimace pas. Elle fixe son reflet, elle lorgne son narcisse sans sourciller. La douleur se répand, il sert trop fort. Il le sait, elle ne dit rien. Absolument rien. Elle se contente de le scruter, elle le dévisage en essayant de comprendre son acte, de trouver une réponse à cette brutalité. Il la rapproche de lui et la colle à son buste. Thais garde la bouche scellée, poupée de porcelaine brisée, démantelée, qui ne trouve plus de raison à ses actes, et de logiques à ses paroles. Un baiser, leur bouche ont faim. Ils ne font rien. Les neurones claquent dans sa boite crânienne, un anéantissement complet de sa psyché dégradée. Ose m’aimer, et je te le ferai regretter pour le restant de ta vie. Pense t’elle, elle fronçant ses sourcils, une mine boudeuse scotchée à son minois tentateur. Sombre idiote, elle l’a déjà mordu, elle le possède entre ses griffes. Thais ne veut pas y croire, elle a trop peur de s’écrouler elle aussi. Elle a trop peur de chuter de son piédestal, elle a tellement peur de le perdre qu’elle désire l’étouffer de ses petites pattes. Le tuer elle-même, pour être certaine qu’il ne lui arrivera rien qu’elle ne puisse empêcher. Pulsion insoutenable, un nœud dans la gorge, elle écoute ses suppliques. Une lueur vindicative nage au fond de ses pupilles noires comme la nuit. Elle jubile car il a perdu. La mélancolie la ravage aussi, dès que son front percute le sien. Entrouvrant ses lèvres pécheresses, d’un rouge sang à la pulpe douce et fruitée. Thais voudrait aussitôt s’excuser. Peine perdue d’avance, l’apollon parle et la coupe net dans son élan. La déesse macabre est envoutée, fascinée, hors de portée dorénavant. « À quoi tu joues Thais. » Il la secoue, elle ne réplique que par un silence absurde et déroutant. Il la secoue plus fort, elle reste inerte, cadavre exquis. « À quoi tu joues? » Il supplie, il réclame, il quémande ou ordonne, elle ne sait plus très bien. Perdue, déboussolée, paumée, il vient de l’achever. Et toi, à quoi tu joues ? Et son amour glisse. Il tombe, s’affaisse. Les bras ballants le long de ses flancs, la sirène regarde imperturbable, le mur du fond. Il effleure ses bras, et caresse le revers de ses mains. Il descend, et s’empare de ses courbes, de son dos, de ses cuisses. Ses jambes entières deviennent siennes, elle est sa propriété, son territoire. Il en connait les moindres parcelles, les plus infimes plissures. Se pinçant la lèvre inférieure, son organisme tout entier brûle, elle n’est qu’un bucher. Elle est le bucher et la sorcière. Elle est les deux. Il la punit si rudement qu’elle se sent chanceler. Frissonnante, elle tremble. Elle a mal dans la cage thoraxique, elle a mal à son contact. Il lui lacère la peau, lui découpe la chair. Arrête ! Veut t’elle hurler, à bout de force, à bout de tout. Seulement, Thais est soumise à un besoin qui la dépasse, une puissance qui la cloue au sol et la fait haleter. « Disparais, s'il te plait » Murmure son autre, et elle ne baisse pas le visage pour le distinguer. A genoux, à ses pieds. Malgré tout, il demeure le dominant, il la tétanise littéralement. Muette, à fleur de peau. La gamine ramène ses mains devant ses iris mordorées, et sans plus attendre, elle se cache comme elle le peut. Une envie soudaine de chialer, une envie destructrice de lui arracher sa figure aux traits trop parfaits, de lui balafrer sa joue plus qu’elle ne l’est déjà. Lui arracher les lèvres, l’écarteler vivant ou l’écorcher. Elle veut mourir immédiatement entre ses bras. Par pitié, laisse moi. Et l’ange déchu l’effleure, il la libère de ses apparats. Un pied, puis ses lèvres dévorent la longue et interminable tige opaline. Ses doigts se cramponnent à ses hanches, Marat l’oblige à s’assoir sur lui. Elle suit le mouvement. La muse est ensorcelée, sujette à un trouble excessif. Les gambettes de chaque côté de son vice. Sa seconde chaussure est soustraite. Il descend la fermeture de sa jupe, remonte le morceau de cuir, et ne laisse plus de place au doute. Pourtant ses intentions lui paraissent autant nébuleuses que ses gestes. Que fais-tu ? Les mains de son âme sœur la massent et palpent. Chaque centimètre de peau bouillonne. Son ventre s‘affole, son pou s‘accélère, son souffle devient saccadé, elle n‘en peut plus et bascule la tête en arrière. Fermant derechef ses paupières, elle résiste. Contradictoire, l‘étau qu‘elle forme avec ses jambes filandreuses se raffermit. Marat défait son soutien gorge, sa baguette tombe sur le parquet. Qu'importe, les défenses de Thais sont détruites. Il prend entre ses doigts la poitrine ferme et timide. Son bas ventre s‘enflamme, elle sent celui de Marat répondre à la frénésie. Corps à son corps, elle s'offre pareil à un festin. Le prédateur la rend vulnérable. Elle devine aisément sa défaillance. « Arrête-moi. » Il geint, il supplie alors que sa bouche embrasse avec gourmandise ses seins adorables. S’en ai trop. Les mains de Thais se posent sur la mâchoire de son amant terrible. Donnant un coup de reins, elle ondule sur lui et vient gouter à ses lèvres. Une bouche dont elle avait été privée trop longtemps. D’abord elle la lui dévore. Puis sa langue lèche le contour, et pousse. Faisant sauter la barrière des dents, elle enlace et s’enroule autour de l’autre. Gémissant d’allégresse, elle respire bruyamment, la créature des enfers pousse sa victime en arrière. Marat tombe le dos sur le sol, et la sirène va et vient langoureusement sur l’homme à terre, sans plus de protection, aucune. Une main caresse la tignasse, la tire furieusement afin que la bouche s’ouvre plus largement encore. Et de l’autre, les phalanges s’occupent de déboutonner le pantalon, elles descendent la braguette. Et la main, instinctivement se glisse dans le sous vêtement, pour s’emparer du membre qui appartient à la déesse cannibale. Enchainant, langoureuse, un va et vient régulier sur l'objet de convoitise. Thais quitte ses lèvres, à regret. Puis écarquille les yeux, comme une soudaine prise de conscience. une enfant prise sur le fait. Le nez touchant celui de sa moitié. Elle lâche ce qu’elle était en train de stimuler, pour poser sa menotte criminelle sur le torse de Marat. Prenant appuie dessus pour se redresser. « Regarde moi. » Articule t’elle, implacable. Assise sur le bas ventre enflé du jeune homme, elle vrille ses prunelles dans celles de ce dernier. Et ajoute. « Tu m’appartiens. Qu’importe avec qui tu seras, qu’importe où tu te trouveras. Tu m’appartiens Marat. » Sa voix est froide, semblable à une lame de rasoir qui file et tranche l’œsophage. Elle n’en revient pas elle-même, de ce qu’elle prononce. Une seconde, deux, peut être trois. Et la déesse revient sur le minois de son identique, elle embrasse d’abord l’arrête de son nez, une pommette, et dévore ses lèvres. Ses doigts se faufilent sous la chemise de son amour clandestin. Grognant en mordillant la lèvre inférieure de l’homme, elle tire dessus. Ses poings empoignent fermement les pans de la chemise, et font sauter d’un coup sec tous les boutons. Dévoilant le torse ambré et brulant, qu’elle détaille aveuglément sous ses bouts de doigts insolents. « Tu souffres, tant pis pour toi. » Chuchote t’elle entre deux baisers ravageurs, sur son timbre atrocement et ingénument séducteur. Elle s’adresse à lui, elle se condamne elle-même.